Livrer vos clients en voiture, plus à cheval | Articles

Il y a 10 ans, je rejoignais Google. Quelle chance. C’était au mois de mai 2007. A cet époque, hormis chez Google, et quelques autres géants technologiques, le terme “cloud” n’était pas du tout à la mode. En ce début d’année, ce même terme connaît son pic de popularité sur Google Tendance des Recherches.

Il y a 10 ans, l’iPhone n’existait pas encore. Le Blackberry était le téléphone du futur. Entre-temps, le 27 juillet 2016, Apple célébrait son milliardième iPhone vendu. Blackberry, à peine deux mois plus tard, annonçait quant à lui, l’arrêt de sa production de téléphones.

Aujourd’hui, je célèbre mes 8 ans chez Semetis. La société que j’ai co-créée avec un collègue de chez Google et intégrée, en 2015, au sein du géant américain Omnicom Media Group. Nous étions alors juste deux et maintenant nous comptons plus de 35 employés, tous travaillant sur la suite de productivité de Google (email, calendrier, documents, feuilles de calcul, serveur, …). Malgré des profils strictement business, nous n’avons jamais fait appel à quiconque pour gérer notre IT. Nous avons grandi et géré tout nous-mêmes. Tout tourne parfaitement sur Windows, Mac, iOS, Android, … Chacun peut accéder à tous ses documents, emails, calendrier, à tout moment et de n’importe où. Seule une connection internet étant nécessaire.

Maintenant, ajoutons la magie de la programmation informatique à cette connectivité et ces petits bouts de plastique que sont nos ordinateurs et téléphones portables. Soudainement, vous accédez à vos comptes bancaires, vous encodez vos notes de frais, vous commandez vos fournitures de bureau, vos billets de trains ou d’avions, vous réglez les salaires de votre personnel ou encore vos factures fournisseurs et le tout, depuis un simple navigateur web. Comme l’a si bien énoncé Marc Andreessen, célèbre entrepreneur et investisseur en capital-risque américain, “Software is eating the world”. De quoi est-il donc question? De compétition.

Nous avons une tendance naturelle à continuellement rechercher “la prochaine révolution” alors qu’on est bien souvent à la traîne, pas assez occupé à ratrapper le retard sur la précédente. Pour citer William Gibson, “the future is already here, it’s just not evenly distributed”. Sur le sujet, Google était en avance. Pour les autres, l’évolution est lente. L’opportunité reste grande. La force d’inertie immense. On parle beaucoup, trop, de startups. Je ne pense pas que l’immense majorité de celles-ci ré-inventent leur industrie. Elles les mettent simplement au goût du jour.

Semetis était un petit poucet dans une industrie dominée par des géants internationaux, des holdings cotées en bourse. Nous étions agiles et rapides. En moins de 4 ans, nous sommes devenus leader sur notre segment de marché en Belgique. Etre “lean” fut un avantage compétitif et, en plus de la chance, d’un travail acharné et malin, un facteur crucial de notre succès. Le Digital ne sauvera pas notre économie (tant bien faut-il qu’elle soit sauvée). Par contre, le “Digital” pose une excellente question: “Comment faire évoluer mon activité afin de continuer à répondre aux attentes de mes clients?” (qui elles évoluent). En rencontrant énormément d’entrepreneurs, dans le cadre de mon rôle de Coach en résidence, chez Solvay Entrepreneurs, j’ai la chance de voir un grand nombre d’opportunités pour les PME qui mettraient à jour leur approche à l’IT. Sinon, le risque de voir de nouveaux entrants sur leur marché, comme Semetis le fut sur le sien, est non négligeable.

Lorsqu’on parle de transformation digitale, il ne s’agit pas de perdre son énergie, ni son temps, dans les dernières modes et tendances. Pas question, ou pas encore, d’Intelligence Artificielle, d’Internet des objets, ... Le plus grand focus doit d’être sur son propre business et comment la technologie déjà disponible peut améliorer vos produits et services et, in fine, l’expérience de vos clients et potentiels clients.

Ce défi est énorme, à l’image de l’immense inertie qui se dresse devant lui, celle du quotidien et de tous ses “petits tracas” et celle de la culture d’entreprise. C’est là que réside la capacité d’évolution. La transformation digitale n’est pas à propos de l’IT au sens strict, mais à propos de la culture d’entreprise. Tout entrepreneur sait à quel point créer, maintenir et faire grandir une culture d’entreprise positive est difficile. C’est cette culture qui permettra à l’entreprise, ce groupe de personnes, d’ensemble faire évoluer ces processus et, au bout du compte l’expérience client.

Car la chance est grande, que le lendemain, vous retournerez au travail livrer vos clients non plus à cheval mais en voiture pour leur plus grande satisfaction...

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